mercredi 21 septembre 2016

Terrorisées


Cette année, je pensais y échapper. La corvée de l'achat de chaussures à la rentrée ne serait pas pour moi ! J'avais acheté des bottes et des babies à Petite Chouette pendant les soldes début juillet. En pensant naïvement qu'elle les mettrait à la rentrée.

Mouahhhahaha ! Cette fourbe enfant n'a pas pris une pointure mais deux pendant les vacances ! Enfin, ça dépend des chaussures... Parce que les bottes en 29 lui vont parfaitement, alors qu'elle hurle dès qu'on essaie de lui enfiler les babies... (portées cinq fois, nickel et en vente sur Le bon coin si ça intéresse quelqu'un...).

Donc direction le magasin de chaussures. Avec une petite variante par rapport à mon expérience habituelle (que vous pouvez relire ici) : Petite Chouette a décidé d'être pénible AVANT d'aller au magasin. Il a fallu deux tentatives à une semaine d'intervalle pour qu'on arrive à y aller (oui, parce qu'au bout d'une demi-heure à demander, supplier, menacer pour que sa majesté daigne monter dans la voiture, je craque : on n'y va plus).

Etonnamment, tout s'est plutôt bien passé. Si l'on excepte les "petits tours" dans le magasin pour vérifier que les chaussures sont confortables.
C'est ensuite que ça c'est gâté. " Maman, on joue aux terroristes ? " a claironné l'enfant. " Chut ! Non, pas là Petite Chouette ". 
 
Bon, il faut que je vous explique avant d'être fichée S.  La fille d'une amie a été traumatisée par l'exercice anti-terrorisme fait à l'école.Vous n'êtes pas au courant ? Je vous mets l'article, ça vaut le coup (cf le site gouvernemental http://www.education.gouv.fr)
 
Un exercice de type attentat-intrusion :

Le contexte de menace terroriste a introduit une nouvelle posture dans le PPMS : s’échapper / se cacher-s’enfermer.
Toute l’école n’a pas la même conduite à tenir puisqu’elle dépend de la situation vécue : une partie peut s’échapper, l’autre se cacher-s’enfermer.
Vous êtes informés de la date et des conditions de mise en œuvre de ce type d’exercice. Le conseil d’école permet d’impliquer vos parents délégués.
Cet exercice a été préparé par le directeur d’école et son équipe. Le terme « d’attentat-intrusion » n’est utilisé que par les adultes.
Avant le CP, il n’est pas nécessaire d’expliciter auprès des enfants les raisons de l’organisation de l’exercice attentat-intrusion.
L’objectif est d’aboutir, par des exercices répétés et progressifs, à une posture adéquate dans le cadre de cet exercice, en veillant à éviter, dans les exercices de préparation, tout scénario anxiogène.
S’échapper à l’extérieur de l’école avec des enfants jeunes nécessite par ailleurs une réflexion à part et en lien avec les correspondants police ou gendarmerie « sécurité de l’école », et le référent sûreté de l'éducation nationale.

Donc cette presque jeune fille de dix ans, que nous appellerons Grande Renarde pour préserver son anonymat, a fait l'exercice à l'école. On les a fait cacher sous les tables. Ils ont attendu. En silence. Et puis ils ont entendu des pas dans le couloir. Le terroriste !!! En vrai, non, c'était la directrice qui se promenait. Trop drôle !!! Sauf que Grande Renarde, ça lui a fait peur. Très peur.
 
C'est vrai qu'elle fait peur la directrice...

Quand sa maman m'a raconté cette histoire, j'ai décidé d'en parler aux Minis-Chouettes. Histoire de préparer le terrain. Pour qu'elles ne soient pas traumatisées. Hum.

Elles ont bien compris le concept. Grande Chouette s'est bouché les oreilles en suppliant " On ne parle pas de ça ". Petite Chouette a demandé : " Comment on reconnait un terroriste ? "
Ca les a marquées. Même si elles n'ont pas encore fait l'exercice à l'école. Et voilà pourquoi Petite Chouette a parlé de terroriste en plein magasin. Elle a essayé une autre paire de chaussures et est partie faire son petit tour d'essai. Moi, comme d'habitude, je suis partie à sa recherche. Sauf que là je ne l'ai pas retrouvée. J'ai fait deux fois le tour du magasin. Je l'ai appelée. En désespoir de cause j'ai demandé de l'aide à une vendeuse. On en était à crier toutes les deux à l'unisson, quand soudain, la gentille dame me dit : " Ah, je crois que je sais où elle est. J'entends des boîtes qui tombent ! Elle a du se cacher dans les étalages. " C'est là que tu te demandes pourquoi tu as dit que c'était ton enfant...

La vendeuse avait raison. En arrivant au fond du magasin, on a aperçu Petite Chouette qui sortait en rampant et en bousculant toutes les boîtes. " J'étais bien cachée hein Maman ? Les terroristes ne m'auraient pas trouvée ! " " Oui, super Petite Chouette ! " La dame nous regardait d'un air ahuri. Je lui ai expliqué l'exercice prévu à l'école. Elle a trouvé scandaleux que l'institutrice soit aussi peu pédagogue, et qu'une petite fille de cinq ans en soit aussi perturbée. Je n'ai pas osé lui dire que l'exercice n'avait pas encore eu lieu et que c'était moi qui en avait parlé à Petite Chouette...

Alors voilà, soit je ne leur disais rien, elles risquaient d'être choquées, et moi je me serais sentie une mauvaise mère. Soit je leur expliquais tout moi-même (avec le Hibou) et on pouvait en discuter en famille. Ce qui me semblait mieux. Sauf qu'en sortant du magasin, j'avais de sérieux doutes et je me sentais assez nulle...

Je pensais aussi à un détail. Vous avez noté dans le texte gouvernemental, comme on protège les enfants : " Avant le CP, il n’est pas nécessaire d’expliciter auprès des enfants les raisons de l’organisation de l’exercice attentat-intrusion." J'ai trouvé ça idiot, étant donné que Petite Chouette saurait bien la vérité par sa soeur. Donc je n'ai pas édulcoré. Je vois déjà le tableau quand l'instit va leur dire : " On va faire un jeu : on va tous se cacher sous les tables en silence à mon signal ! " Vous avez deviné qui va hurler : " Chouette, on joue aux terroristes ! " C'est la mienne. 
 
Je vous laisse, il faut que je prépare mon argumentaire pour la maîtresse...


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